Couple et (désir de) parentalité : les recommandations d’une conseillère conjugale

7 mars 2023

Faire appel à un.e conseiller.ère conjugal.e est une démarche saine et bienvenue, même quand tout semble bien se passer au sein d’un couple. Lorsque les partenaires ont le projet de fonder une famille ou qu’ils viennent d’avoir un bébé, c’est d’autant plus recommandé. L’équipe de Born in Brussels s’est penché sur la question avec Véronique Sorgeloos, une conseillère conjugale pleine d’entrain et de joie de vivre. Elle a accepté de partager son expérience, ainsi que quelques recommandations pratiques. 

Véronique Sorgeloos, conseillère conjugale, était attendue, un après-midi de mars, dans les bureaux de Born in Brussels. Cette femme gaie et avenante d’une cinquantaine d’années, anciennement coiffeuse, semblait toute disposée à se confier sans tabou (tout en préservant le secret professionnel, bien entendu) sur les rouages de son métier qu’elle pratique depuis huit ans. Véronique propose des séances de couple, des séances familiales et des séances individuelles. Elle a également un pied dans les soins palliatifs puisqu’elle offre aux familles d’accompagner et de “conseiller”, à domicile, une personne malade en phase terminale ou désireuse de recourir à l’euthanasie.

Tout d’abord, qu’est-ce qui différencie une thérapie de couple chez un psychologue et une consultation chez un.e conseiller.ère conjugal.e ?

La principale différence est la durée de l’engagement. Le conseil conjugal se situe dans l’ici et maintenant et est plutôt un soutien pro-actif où sont principalement visées les difficultés concrètes et présentes de la relation. Si la crise que l’on traverse paraît ponctuelle, s’il s’agit d’une difficulté bien concrète et passagère sur laquelle on a besoin de l’éclairage d’un professionnel, si l’on ne souhaite pas a priori s’engager dans un travail de longue durée, le recours au conseil conjugal est parfaitement indiqué. En revanche, la psychothérapie suppose un engagement dans la durée et un travail psychothérapeutique en profondeur, car le.la psychologue doit poser des diagnostics et faire des évaluations psychologiques basées sur un échange sur le long terme. Personnellement, j’impose de voir les couples entre cinq et sept fois pour vraiment cerner leurs difficultés et donner des conseils pratiques. Si je constate que l’un des partenaires a besoin d’un soutien psychologique plus poussé, je le/la réoriente vers un.e psychologue. 

Véronique Sorgeloos, conseillère conjugale

Comment se passe généralement une séance de couple chez une conseillère conjugale ?

Je me place comme une confidente ou même une amie ; quelqu’un à qui on peut tout dire (même plus qu’à sa propre mère). J’écoute d’abord le couple, j’analyse les comportements, les non-dits, le non-verbal… Ensuite, je vois chaque partenaire séparément pour entendre aussi ce qui n’arrive pas à être dit au sein même du couple. Je réponds aux questions et aux doutes. Dans un premier temps ou pour une situation précise, la.le conseiller.ère conjugal.e peut paraître moins intimidant.e qu’un.e professionnel.le de la santé mentale. Je commence souvent la séance sur le ton de l’humour, en dédramatisant les choses et en disant qu’il n’y a pas de catastrophe ; qu’une solution va forcément être trouvée. Pour moi, le point essentiel à travailler est de se sentir bien avec soi-même pour être mieux à deux. La confiance en soi, c’est vraiment la clé. 

Que peut apporter une conseillère conjugale à un couple en désir d’enfant ou nouvellement parents ?

Dans le cas du désir d’enfant, si des couples viennent me voir, c’est souvent qu’ils ont essayé de faire un bébé, mais que la nature en a décidé autrement. Il y a alors des frictions et des doutes sur lesquels il est important de communiquer. Ce que je leur dis à nouveau, c’est de dédramatiser, parce que des solutions existent ! Lors de la grossesse, des questions se posent également sur la future éducation de l’enfant, sur les visions communes ou les désaccords… Et puis, j’ai déjà reçu un couple qui venait de perdre leur enfant en couche. Dans ce cas-là, on peut découvrir une autre facette de son partenaire et lui reprocher de ne pas faire son deuil de la même manière, de constater un nouveau comportement qu’on ne connaissait pas… Il faut pouvoir accepter la réaction de l’autre, tout en se focalisant sur soi-même avant tout et retrouver une certaine stabilité. Il faut de toute manière tenter d’éviter de porter également la douleur de l’autre. Enfin, quand l’enfant arrive, d’autres enjeux entrent en ligne de compte et une thérapie familiale peut être entamée. Je peux donner l’exemple de la famille recomposée notamment ; une aventure dans laquelle il faut se lancer avec précaution en ayant bien réfléchi avant. Dans ce cas-là, je tente de rassurer la famille dans sa globalité en mettant l’accent sur le positif. De manière générale, dans ma pratique, j’essaie de voir le positif de chaque situation et de le faire voir également par mes patients. 

Par quoi d’autre que la positivité êtes-vous guidée dans votre pratique ?

J’essaie d’apporter de l’humour, de dédramatiser les choses, d’aller à l’essentiel, d’être aussi empathique que possible tout en gardant une certaine distance professionnelle… Je trouve aussi qu’il faut être suffisamment sain pour faire ce métier et parvenir à aider sainement et sereinement les patients. Souvent, quand je les rencontre pour la première fois, je leur dis : “Je m’appelle Marie Poppins et j’ai toutes les solutions dans mon cabas”. Les gens se sentent alors entre de bonnes mains, je pense, et ils se détendent assez vite, ce qui est propice aux confidences. Et finalement, si je sens que la situation est plus grave chez l’un ou l’autre membre du couple, que j’arrive à un point d’incapacité et qu’un approfondissement est requis, je n’hésite pas à relayer la personne vers un psychologue ou même un psychiatre. C’est aussi ça une conseillère conjugale : accepter ses limites et passer le relais en cas de nécessité. Tout ça dans un seul but : le bien-être mental des patients. 

Propos recueillis par Sofia Douieb et Emmanuelle Van Besien