Ce mercredi 22 novembre, plus de mille personnes se sont rassemblées à Bruxelles pour manifester leur mécontentement face au manque de moyens financiers et humain dans le secteur de la petite enfance. L’objectif de l’action est de revendiquer une valorisation salariale et de dénoncer une baisse d’intérêt pour la profession de puéricultrice, créant inévitablement une pénurie de mains d’œuvre. Le secteur public comme privé souffre et demande de l’aide !
Loin d’être un cas isolé, puisque les manifestations dans différents secteurs marchands et non-marchands vont bon train depuis le début de l’année, les acteurs de la petite enfance, eux, poursuivent leur combat pour être écoutés et pour faire bouger les lignes. Malgré une bonne humeur affichée et un lâché de ballons colorés au pieds du siège de la Fédération Wallonie Bruxelles, les manifestants du jour semblaient harassés par le désintérêt de notre gouvernement.
Un métier à revaloriser
Depuis la crise du covid, un bon nombre de métiers ont reçu le statut dit “essentiel”. Cité dans ladite liste, le métier de puéricultrice, principalement exercé par des femmes, semble légitimement y avoir sa place. En effet, s’occuper d’un enfant en bas-âge n’est pas simple, mais alors que dire lorsqu’on est seule, en charge de sept enfants ? Sans parler des nombreuses tâches à effectuer durant une journée de travail.
Il est en tout cas un fait certain et observable, devenir puéricultrice n’attire plus autant qu’auparavant et l’intérêt de ce beau métier semble actuellement s’essouffler. Jusqu’alors appris sur les bancs de l’école dans le secondaire professionnel, la formation se donne depuis peu et dans certaines écoles sur base d’un bachelier professionnalisant. Cela pourrait être, entre autres, un bon moyen de protéger le métier et surtout de le redynamiser par un meilleur attrait salarial.
Malgré un manque d’intérêt, les offres d’emplois sont pourtant nombreuses mais à l’arrivée, peu de candidates répondent à l’appel.
“Une offre d’emploi va peut-être recevoir sur un mois quatre ou cinq CV au maximum. On souhaite donc qu’un effort considérable soit fait non seulement pour reconnaître ce métier en pénurie et accompagner cela de toutes une série de mesures pour le revaloriser.” , explique Violaine Herbaux, Présidente de l’Office de la Naissance et de l’Enfance, pour le journal Rtbf.
Peu de moyens humains
Trouver une place en crèche pour son enfant peut parfois ressembler à un vrai parcours du combattant et, pour les parents, il faut littéralement s’armer de patience et faire preuve de persévérance. Face à cette réalité, une mesure appelée “Plan cigogne” a été lancée en 2022 par Bénédicte Linard, ministre de l’Enfance en Fédération Wallonie-Bruxelles, afin de créer près de 575 nouvelles places dans les crèches en région bruxelloise. Honorer cette promesse, aider les nouveaux parents et permettre plus de moyens dans les milieux d’accueils, passe par un recrutement massif de puéricultrices. Car, il suffit de voir le nombre de manifestations se tenant depuis le début de l’année pour se rendre rapidement compte que le secteur se porte mal et que le manque cruel de mains d’œuvre est réel.
À cet égard et interviewée par Rtl info, Cathy Marcil, puéricultrice depuis 20 ans et déléguée syndicale du SETCa de La Louvière, déplore pour sa part : “On a besoin de bras supplémentaires. Dans les crèches, le ratio est normalement d’une puéricultrice pour sept enfants. En réalité, avec le nombre de travailleuses malades ou en burn-out, c’est loin d’être cas. On se retrouve parfois à s’occuper, seule, de 14 enfants, voire plus”.
Un manque de considération
Au manque de moyens humains lié à une insuffisance d’intérêt pour la profession, des départs ou encore des maladies à répétition créant un manquement au quotidien, s’ajoute un manque de considération pour les travailleuses. À ce sujet, Corine Leire, puéricultrice depuis 37 ans et interrogée par Rtl info explique : “J’estime que l’on arrive au bout du rouleau, il y a un ras-le-bol total. Il y a un manque de considération de notre métier, on a besoin de souffler. On arrive à la pension dans un état pitoyable, c’est un métier très physique.”
Les revendications des travailleurs du secteur sont explicites au regard du métier de puéricultrice que l’on pourrait requalifier de “pénible” tant la profession ne semble pas suffisamment encadrée et les moyens pour y arriver sont limités.
Texte : Samuel Walheer