Accouchements : les mères s’expriment sur l’accessibilité aux soins

14 février 2025

En vue de mieux saisir le vécu des mamans ayant accouchés, les résultats d’une enquête, qualitative et quantitative, menée par la Mutualité Chrétienne viennent de paraître. L’étude met l’accent sur les problèmes d’accessibilités aux soins auprès de 3.000 femmes, membres de la MC, ayant mis au monde leur enfant entre 2022 et 2023. Ce qui ressort de l’enquête est le manque d’information sur les soins disponibles, le manque de temps ou encore le coût trop élevé des soins et des séjours hospitaliers.


Dans une précédente étude réalisée par la Mutualité Chrétienne, il ressortait que les mères bénéficiant de l’intervention majorée (BIM) avaient moins recours aux soins avant et après l’accouchement. Les résultats de cette nouvelle étude viennent donc conforter la précédente. À cet égard, Elise Derroitte, vice-présidente de la Mutualité Chrétienne explique : « il y a encore trop de facteurs qui freinent l’accès aux soins, particulièrement pour les femmes vulnérables. Notre système de santé se doit pourtant de garantir à toutes l’accès à tous les soins nécessaires ».

L’information et le temps manquent

L’enquête démontre une forte disparité entre les mères BIM et les mères non-BIM à propos de la disponibilité des soins de santé. En effet, les mères non-BIM déclarent manquer ou ne pas trouver les bonnes informations ; 76% des mères non-BIM ont pris contact avec une sage-femme avant et après l’accouchement alors que du côté des mères BIM, 88% seulement l’on fait. Un autre élément ressort de l’étude concernant la notion du temps des nouvelles mamans : « Des données qualitatives, il ressort que bien des mères ont à gérer de nombreux problèmes de la vie quotidienne, en plus de leur grossesse : les autres enfants, la tenue du ménage, etc. Bref, elles ont trop peu de temps pour gérer leur propre situation. Cela met une pression supplémentaire sur leurs épaules, ce qui n’est pas acceptable », déclare Elise Derroitte.

Un coût encore trop élevé

En ce qui concerne l’accessibilité financière des soins pré ou postnatals, les résultats montrent que seules six femmes sur dix, BIM ou non, les trouvent abordables. Parmi les nombreux prestataires de soins pour une femme enceinte, environs 85% des mamans interrogées estiment que seules les sages-femmes et les médecins généralistes seraient abordables. Les tickets modérateurs – bien qu’ils participent à réduire le coût total des futures mamans – lorsqu’ils s’accumulent sont parfois difficile à payer. À cet effet, Elise Derroitte ajoute : « C’est en effet une situation très interpellante. Le prix des prestations est invoqué. Un prix élevé car trop peu de prestataires de soins sont conventionnés. Si rien n’est fait, on se dirige vers une situation où l’accouchement deviendra impayable pour certaines catégories de personnes. Ce n’est clairement pas ce que nous voulons à la MC. De plus, l’accessibilité financière doit être élargie à tous les soins, qu’ils soient pré ou post-natals. La MC reste persuadée ​que le conventionnement des prestataires est la meilleure solution pour garantir un accès équitable aux soins pour les patientes.

Pour plus de confort

Par manque de moyens, les mamans avec un statut BIM sont moins souvent couvertes par une assurance hospitalisation ; le séjour se passe alors en chambre double. Ce qui devrait être un espace calme et reposant est alors perçu comme lieu inconfortable et coûteux. « Les mères BIM indiquent plus souvent avoir ressenti un mal-être à l’hôpital. Cela est dû au fait qu’elles sont accueillies en chambres à plusieurs lits et qu’elles doivent partager un espace commun avec d’autres mamans, d’autres bébés et des visiteurs. Elles voient aussi défiler infirmières, kinés et médecins dans leur chambre, ce qui a un impact sur leur repos. Plusieurs d’entre elles témoignent également ne pas avoir été comprises lorsqu’elles ont exprimé des problèmes émotionnels. C’est sur tous ces points qu’il faut travailler », ajoute Elise Derroitte. Pour pallier ce mal être ressenti par les mamans, l’enquête démontre qu’il faudrait mieux les informer sur les soins pré et post-natals, faciliter les démarches suite à la naissance du bébé, étendre ce congé de naissance ou du moins mieux le répartir, aménager le temps de travail ou encore permettre à celles qui en auraient besoin des séances abordables de kinésithérapeutes.

Les points clés de l’étude

En résumé, l’étude démontre que :

  • À peine six femmes sur dix trouvent les soins autour d’un accouchement abordables. ​ ​
  • ​​Les futures mères ignorent trop souvent que le médecin généraliste et une sage-femme peuvent également suivre leur grossesse.
  • Les montants qui restent à charge des mères pour les soins pré et postnatals restent trop élevés (autour de 350 euros et jusqu’à 2000 euros et plus à la suite d’un accouchement par césarienne en chambre individuelle)
  • Les mères BIM quittent l’hôpital plus tôt après un accouchement, e.a. par manque de calme dans une chambre à plusieurs lits.
  • ​​​La MC plaide pour que chaque mère puisse bénéficier d’une chambre individuelle si elle le souhaite, sans surcoût.

« Chaque femme devrait pouvoir choisir une chambre individuelle si elle le souhaite, sans coûts supplémentaires, ​ afin de débuter sereinement cette nouvelle étape dans les meilleurs conditions, entourée de calme et de soutien », conclut Elise Derroitte.

Samuel Walheer

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