Obésité infantile et éducation alimentaire, la prévention passe (aussi) par les (futurs) parents

4 mars 2025

Le 4 mars 2025, c’est la journée mondiale de lutte contre l’obésité. Stéréotype, responsabilité unique des parents, sujet tabou, facteurs génétiques ou environnementaux, voire encore anormalité sociétale, l’obésité infantile fait débat. Cette maladie chronique touche en Belgique environ 6% d’enfants âgés entre 2 et 17 ans. Voici éléments qui pourront aider les (futurs) parents à s’y retrouver face à la vulnérabilité de leur(s) enfant(s) liée au problème du surpoids et d’obésité. Un enjeu de taille !

L’obésité infantile est un enjeu de santé publique pour lequel l’équipe de Born in Brussels tenait à marquer le coup. Face à une sédentarisation accrue – une nourriture industrielle et transformées, une omniprésence des écrans ou encore un marketing de produits malsains, l’enjeu est de taille pour les professionnel.le.s de la santé et, plus largement, pour notre société. D’autres sujets, étroitement liés au surpoids et à l’obésité, ont été mis en avant dans le passé et permettent de mieux saisir l’influence des facteurs environnementaux sur la santé des tout-petits : Santé publique : reportage sur l’impact des écrans chez les tout-petits !, Carte blanche en faveur d’une ville plus saine pour tous et surtout pour les enfants – Born in Brussels ou encore Le SPF Santé publique lance une campagne de sensibilisation sur les perturbateurs endocriniens.

Pendant longtemps le monde médical manquait de moyens pour traiter l’obésité. On a dit que c’était le patient qui devait agir : manger moins, faire plus d’exercice… On laissait un peu le patient se débrouiller seul. Cela a amené à dire que les gens sont paresseux, mais on sait que ce n’est pas vrai. Pr Bart Van der Schueren, endocrinologue à l’UZ Leuven et président de Baso, l’association belge de l’étude de l’obésité

“Déstigmatisation”

La maladie est généralement associée à un déséquilibre entre les apports et les dépenses alimentaires; ce qui semble plutôt présomptueux pour les professionnel.le.s du de la santé . En effet, l’obésité infantile est qualifiée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) depuis 1997 comme maladie. Elle est également qualifiée de chronique et est, contrairement à d’autres, bel et bien visible. Bien que l’un des facteurs principal soit d’ordre génétique, l’obésité peut aussi provenir d’autres facteurs environnementaux. Bien souvent, l’enfant “trop gros” est stigmatisé par la société, à commencer par celles et ceux qui l’entoure. À cet égard, Nicolas Guggenbühl, professeur de nutrition et diététique à la Haute école Léonard de Vinci, à Bruxelles, déclare : “Le problème provient de l’attitude assez culpabilisante à l’égard des personnes en situation d’obésité, dans le sens où si vous êtes trop gros, c’est de votre faute. C’est encore très fréquent, assez nuisible et très contreproductif à la prise en charge de l’obésité.”

Quand on peut prévenir…

Certains facteurs environnementaux favorisent une prise de poids précoce, amenant à du surpoids, voire de l’obésité infantile. S’il n’est pas stimulé et accompagné par ses proches, l’enfant risque de se sédentariser et d’adopter une mauvaise hygiène de vie; résultante de peu d’activités physiques et d’une alimentation déséquilibrée. Pour pallier à ces effets vraisemblablement néfaste sur la santé physique et mentale de l’enfant, l’élément central sur lequel veiller est vraisemblablement l’alimentation. “En observant la courbe de croissance de votre enfant, il ne faut pas attendre ou agir trop tard. Il convient d’être préventif et faire attention à ce que l’enfant mange à sa faim, qu’il ne soit pas dans la restriction/qu’il ne se prive pas mais qu’il ne soit pas non plus au-delà de sa faim ! Un enfant qui mange vite, qui n’écoute pas sa faim, qui se ressert vite ou redescend grignoter 20 minutes après le repas alors qu’il n’a pas besoin de cette énergie va forcément stocker ces surplus inutiles.” Mélissa Moretti, diététicienne à la Clinique du Poids Junior à l’Hôpital Universitaire des Enfants Reine Fabiola interviewée par le journal Rtbf

Adopter un bon style de vie

Bien qu’elle ne fasse pas forcément perdre du poids, l’activité physique est également un élément bénéfique pour prévenir le surpoids et l’obésité  . En effet, celle-ci réduit les risques de maladies cardiovasculaires, de diabète, de cancers et peut-être bénéfique pour lutter contre le stress et la dépression. Être un parent actif, voire même sportif, aura sans doute des effets positifs pour son enfant, un modèle à suivre. En fonction de ses capacités et de ses envies, inciter son enfant à pratiquer une activité sportive – associée à une alimentation saine – ne pourra que le pousser vers la voie d’une bonne hygiène de vie et ainsi, viser à réduire les risques de surpoids. Voici quelques exemples de bonnes habitudes, encouragées par Sciensano (centre de recherche national de santé publique en Belgique) à prendre pour soi et son enfant : marcher, courir, nager, faire du vélo, cuisiner soi-même, prendre le petit déjeuner ensemble et pas devant télévision, prendre des collations saines (fruits, laitage), ne pas sauter de repas, manger lentement, dans le calme et à heures fixes, varier l’alimentation et adapter les repas ou encore éviter de grignoter des collations sucrées et salées.

À qui demander de l’aide ?

En tant que (futurs) parents, même en étant attentif, il n’est pas forcément facile de déceler une pathologie chez son enfant. Lorsqu’il s’agit d’une problématique alimentaire, différents acteurs de première ligne peuvent intervenir, dans un premier temps et constater une anomalie sur la courbe de croissance; un médecin de famille, un médecin scolaire, un pédiatre ou encore l’ONE (du côté francophone). En effet, l’Office de la Naissance et de l’Enfance propose des rendez-vous basés sur 15 examens entre 0 et 3 ans ainsi que 3 examens jusqu’à 6 ans. Une équipe médico-sociale suit le développement de l’enfant sur différents points (vue, audition, vaccinations, alimentation) et ce, gratuitement.

Consultations pour enfants – Public – Office de la naissance et de l’enfance

L’obésité est une maladie chronique complexe qui a un impact considérable sur la qualité de vie. Elle se situe à la croisée de facteurs physiques, sociaux et psychologiques.” Inami

Un accompagnement individualisé

Dans un second temps, lorsqu’un diagnostic de surpoids ou d’obésité infantile a été posé par un.e professionnel.le de la santé, il est également possible de faire appel à l’Institut national d’assurance maladie invalidité (INAMI). En effet, depuis décembre 2023, l’INAMI prévoit un accompagnement et des soins adaptés en fonction de la situation de l’enfant : des soins de diététique en cas de surpoids ou d’obésité, un trajet de soins « Obésité infantile » ou encore un traitement spécialisé dans la prise en charge de l’obésité morbide et/ou complexe.

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Parent(s), ne pas (s’)oublier

Devenir parent, c’est aussi faire face à de nombreuses difficultés. La santé de son enfant passant souvent avant tout, certain parent s’oublie parfois dans le calcul. Le Pr Bart Van der Schueren déclare à cet effet :”Lorsque vous êtes parent seul avec trois enfants et un boulot, difficile de trouver le temps d’aller faire des efforts physiques, de prendre le temps de cuisiner, de faire attention à son corps. Scientifiquement, on sait aussi maintenant qu’il existe, par exemple, tout un circuit hormonal autonome qui règle notre poids. Étonnamment, on « défend son poids », on ne perd du poids qu’en cas de problème (un cancer qui apparaît…). Le maintien du poids est donc bien plus hors de la volonté de la personne qu’on le croyait. Puisque l’on dispose maintenant de ces données scientifiques, il faut déstigmatiser les personnes qui vivent avec l’obésité.” Cela passe aussi par une conscientisation de la part du ou des parents et leurs capacités à saisir l’importance de l’éducation alimentaire de son ou ses enfants.

Texte et Mise en page : Samuel Walheer