La Ligue des familles, Soralia, Des mères veilleuses, le Conseil des femmes, Femmes de Droit, Hamac, la Plateforme citoyenne pour une naissance respectée et bien d’autres, co-signent une carte blanche pour que “la maternité ne pénalise plus les femmes !” Ces mères et associations féministes et de soutien à la parentalité invitent toutes les mamans ou les personnes concernées à signer une pétition dont le but est de faire bouger les lignes au niveau du gouvernement.
“Dans la grande majorité des cas, lorsqu’un père prend un congé parental pour s’occuper de ses enfants, il est applaudi, mais rien de tel lorsqu’il s’agit d’une mère. La société considère qu’il est tout à fait normal que ce soit elle qui diminue son temps de travail pour assumer les tâches de soin et d’éducation des enfants. Nous sommes 3000 mères et, avec les organisations féministes et de soutien à la parentalité, nous appelons le gouvernement à enfin agir, à un an des prochaines élections : il est grand temps que les congés parentaux cessent de perpétuer les inégalités de genre entre les femmes et les hommes”, grognent les associations précitées au début de leur carte blanche.
“Le gouvernement n’a pas respecté ses engagements !
Le 30 septembre 2020, le Gouvernement fédéral bouclait son accord de gouvernement en précisant qu’il entendait « réformer les différents régimes de congés pour les parents afin de permettre une répartition plus équilibrée, entre les hommes et les femmes, de l’accueil et des soins aux enfants ». À près d’un an des prochaines élections, nous, mères et associations féministes et de soutien à la parentalité, constatons que le gouvernement n’a pas respecté ses engagements et qu’aucune mesure n’a été – ou ne sera – prise en vue d’une meilleure égalité entre les femmes et hommes au travail et au sein du ménage à l’exception de l’allongement de 10 jours du congé de paternité.
Au contraire, le gouvernement a rendu encore plus difficile l’équilibre vie familiale – vie professionnelle en rabotant la durée du crédit-temps, en renforçant ses conditions d’accès et en diminuant sa rémunération. Or, il s’agit d’un des seuls dispositifs prévus pour permettre de mieux combiner travail et responsabilités familiales.
Vivre en couple avec des enfants accroît les inégalités
On le sait, vivre en couple avec des enfants tend à accroître les inégalités de genre. Et ces inégalités se cristallisent justement à la naissance des enfants, car ce sont les femmes, plus que les hommes, qui sont contraintes d’opérer les ajustements nécessaires pour assurer la combinaison entre responsabilités professionnelles et familiales : interrompre leur carrière, réduire leur temps de travail (4 travailleurs à temps partiel sur cinq sont des femmes !), voire cesser complètement de travailler à l’arrivée d’un enfant.
Plus de 18 % des femmes au chômage indiquent que leurs responsabilités en matière de soins sont à l’origine de leur chômage, alors que pour les hommes, ce chiffre n’est que de 2%.1 On retrouve la même tendance dans l’emploi à temps partiel : pour 45% des femmes travaillant à temps partiel et seulement 28% des hommes travaillant à temps partiel, la combinaison avec la vie de famille constitue la principale raison de ce temps partiel.2
Cette réduction du temps de travail impacte les revenus des femmes dans l’immédiat mais aussi à plus long terme puisqu’elles réduisent l’expérience professionnelle accumulée, ont moins accès à des promotions et perçoivent au final une moindre pension. Ces effets sur leurs revenus et leur vie professionnelle ne sont jamais rattrapés.
La parentalité : une pénalité pour les femmes et un bonus pour les hommes
8 ans après avoir donné naissance, une mère gagne en moyenne 43% de moins qu’avant d’avoir un enfant. Cette réduction de revenu est liée au fait que ce sont justement les femmes qui réduisent leur temps de travail ou cessent leur activité professionnelle à la naissance de leur premier enfant3. Pour les hommes, la parentalité n’a pas un tel impact. Au contraire, elle est même associée à un bonus. Selon le Conseil Supérieur de l’Emploi, le fait d’être père pour la première fois a un impact significatif sur le taux d’emploi (+7,3 points de pourcentage), et ce « bonus » augmente encore avec le deuxième enfant4 .
En Belgique, en 2023, nous ne pouvons accepter que la parentalité soit une pénalité pour les femmes. Nous, mères et associations féministes et de soutien à la parentalité, appelons le gouvernement à agir pour une répartition plus équilibrée, entre les hommes et les femmes, de l’accueil et des soins aux enfants. Deux mesures très concrètes permettraient d’améliorer considérablement l’équilibre entre pères et mères dans la répartition des tâches familiales :
- Augmenter la rémunération du congé parental et du crédit-temps pour tendre vers 100% du salaire. La faible rémunération des congés familiaux en exclut la plupart des parents qui ne peuvent se permettre de perdre des revenus et implique que ce sont les femmes qui les prennent dans la majorité des cas : comme les femmes ont déjà en moyenne un revenu moindre que les hommes, la perte financière est alors plus faible pour le ménage.
- Allonger le congé de paternité/coparentalité à 15 semaines pour le rendre équivalent à celui de la mère et le rendre obligatoire (pendant 9 semaines, tout comme le congé de maternité). Ceci afin d’agir sur les stéréotypes de genre dès les premiers jours de l’enfant, en favorisant une implication accrue des hommes dans les soins aux enfants, l’éducation et les tâches ménagères. Cela permettrait aussi de réduire les discriminations et de rendre la situation des femmes et des hommes plus égalitaire sur le marché du travail.
Il reste un an pour agir !
Il reste un an au gouvernement fédéral avant les prochaines élections. Un an pour agir, pour que les congés familiaux ne perpétuent pas les inégalités de genre, et qu’au contraire une spirale positive s’enclenche. Ces changement prennent du temps. Il faut que les enfants qui naissent aujourd’hui grandissent dans des familles où les tâches sont mieux réparties. Ne laissons pas passer une nouvelle génération.”