Prédire l’accouchement prématuré, ce sera bientôt possible (et révolutionnaire !)

22 juillet 2024

Découverte révolutionnaire dans le monde périnatal : la prédiction de l’accouchement prématuré à 7 jours près. Céline Mehats, directrice de recherche à l’Inserm (Institut de santé et de recherche médicale) et spécialiste de l’accouchement et de la prématurité à l’Institut Cochin à Paris, s’est récemment confiée au micro du podcast “Naître” de France Inter sur cette avancée médicale majeure. Les résultats finaux devraient voir le jour en 2027.

“On ne sait pas arrêter le travail quand il a démarré. On sait le retarder de 48h maximum, ce qui est utile pour transférer la femme enceinte si elle n’est pas dans une maternité adaptée. Mais pour celles qui présentent des risques d’accouchement prématurés, on ne sait pas prédire si elles vont effectivement accoucher ou non. Avec mes recherches, cela sera désormais possible”, explique Céline Mehats.

Découverte majeure en 2019

Pendant dix ans, Céline Mehats a cherché à améliorer la prédiction chez les femmes qui menacent d’accoucher prématurément, afin de savoir si elles vont effectivement accoucher plus tôt. Et elle a finalement trouvé un moyen de le savoir : “Dr. Mehats a fait l’hypothèse que les changements qu’elle a identifiés dans les membranes de la poche des eaux pourraient aussi se manifester dans les sécrétions vaginales après la mise en route du travail. Au bout de dix ans de recherche, elle a ainsi identifié 8 marqueurs, 8 protéines, présentes dans les sécrétions vaginales, qui sont associées à l’entrée en travail”, peut-on entendre dans le podcast.

Moins de stress et de traitements inutiles

Grâce aux recherches de Céline Mehats, les femmes enceintes risquant d’accoucher prématurément pourront enfin savoir, grâce à un simple test PCR, le moment effectif de la naissance (à 7 ou 10 jours près). Il faudra néanmoins patienter encore plusieurs années pour que cette avancée majeure puisse être proposée officiellement à ces femmes. “Nous avons reçu le financement l’année dernière ; ce qui nous a permis de mettre en place l’étude clinique en cours actuellement, a encore précisé la chercheuse. Le PCR est en développement également et sera mis en place l’an prochain dans les hôpitaux afin de le tester sur un nombre suffisant de femmes. Il sera alors peut-être possible de prouver que les hospitalisations pour risques de prématurité puissent être diminuées de moitié ! Non seulement cela permettra de réduire les coûts des hôpitaux, mais surtout, les futures mères concernées auront moins de stress et éviteront les traitements inutiles.”  

La prématurité, un enjeu majeur de santé publique

La prématurité dans le monde représente 12% des naissances, soit 15 millions d’enfants (plus ou moins 1 enfant sur 10). Malgré les 30 ans de recherche sur le sujet, les mesures mises en oeuvre n’ont pas été efficaces, car le nombre de prématurés ne fait qu’augmenter et est la première cause de mortalité parmi les enfants de moins de 5 ans. En Belgique la moyenne des dix dernières années se situe autour de 10.000 naissances prématurées/an.

 

Écouter l’épisode 6 du podcast “Naître” dans son intégralité

Sofia Douieb