«Unité Parents-Bébé» de la Clinique Saint-Jean : prise en charge de la santé mentale post-accouchement

18 juillet 2024

L’arrivée d’un nouveau-né est un vrai chamboulement dans la vie de nouveaux parents. Cette grande nouvelle amène son lot de bonheur, mais peut aussi causer des souffrances psychiques, en particulier auprès de mères monoparentales. Pour accompagner ces familles et leur permettre de conserver les liens avec leur enfant, l’unité “Parents-Bébés” de la Clinique Saint-Jean fait partie des lieux de soin à privilégier. Les seules conditions pour y être accompagné : être âgé d’au moins 18 ans et avoir un enfant en bas âge (entre 0 et 12 mois). L’équipe de Born in Brussels s’est rendue sur place pour découvrir l’unité en compagnie de la responsable, Docteure Anna Mózes.

Porte d’entrée du Service Psychiatrique et de l’Unité Parents-Bébés – Photo : Samuel Walheer

 

Selon les chiffres, chaque année, entre 10 et 15% des jeunes mamans sont en dépression post-partum. Pour pallier ce constat, l’unité jour-nuit “Parents-Bébés” de la Clinique Saint-Jean a été créée en 2022. Cinq familles peuvent ainsi être accompagnées simultanément et une prise en charge thérapeutique est proposée de manière individuelle et collective par une équipe pluridisciplinaire. Tout un travail est effectué autour de la souffrance psychique et psychologique du parent et en tenant compte du bien-être du nouveau-né afin d’éviter l’apparition de trouble du développement psycho-moteur à moyen et à longue terme.

“Ce qui est compliqué pour beaucoup de mamans, c’est tout d’abord d’accepter leur fragilité psychique après la naissance de leur bébé et de s’autoriser à en parler. L’image de la mère heureuse et parfaite, véhiculée par la société, est encore fort culpabilisant. Ensuite il faut accepter d’intégrer un service de psychiatrie car, bien souvent, l‘entourage ne voit pas cela d’un très bon œil. Bien que la transition soit difficile, après une semaine on constate que les mamans arrivent à se poser. Elles voient qu’on leur veut du bien et que l’hospitalisation les aide.” Dr.Mózes, psychiatre et responsable de l’unité.

Vue d’une chambre de l’Unité Parents-Bébés – Photo : Samuel Walheer

L’unité Parents-Bébé

Après plusieurs années d’élaboration, le projet a vu le jour en octobre 2022 pour aider toutes les mamans, accompagnées de leur bébé, désireuses d’aller mieux et dans un état de décompensation. Une équipe pluridisciplinaire accompagne le parent et son nouveau-né, pour leur bien-être à tous les deux. L’unité se situe au deuxième étage en suivant la route 220, “Service psychiatrie et unité parents-bébé”. Au sein du service, cinq chambres sont mises à disposition pour accueillir cinq familles sur base de quelques conditions et pour une hospitalisation s’étalant entre un et trois mois. Passé ce délais, le service passe la main à un autre hôpital comme l’Huderf ou Clairs Vallons, ou au réseau ambulatoire. L’équipe est composée d’une assistance sociale (première ligne), d’une psychiatre, d’une pédopsychiatre, de deux psychomotriciennes (dont un kinésithérapeute), d’une équipe d’ergothérapeutes et d’une équipe d’infirmières.

→ Présentation de l’unité Parents-Bébé

Salle d’accueil pour les familles – Photo : Samuel Walheer

Conditions d’accès

La première prise de contact s’effectue généralement par téléphone avec l’assistante sociale, située en première ligne. La demande est ensuite débattue en équipe et une rencontre est prévue avec le ou les parents accompagnés de leur enfant et parfois aussi avec l’envoyeur. Parmi les quelques critères nécessaires pour avoir accès à ce service, il faut que le parent ait au minimum 18 ans et qu’ilsoit responsable et capable de s’occuper de son enfant. Le parent est hospitalisé au niveau administratif et l’enfant l’accompagne.  L’unité Parents-Bébé de la Clinique Saint-Jean propose un accompagnement à tous parents en période de postpartum et en souffrance psychique ou psychiatrique. Parmi les indications, il y a notamment : la dépression, la psychose de postpartum, les troubles anxieux, les troubles du lien, l’accouchement traumatique, le parcours de migration, la violence conjugale, l’isolement social, la maladie de l’enfant ou du prématuré, etc. Il existe également des contre-indications : la toxicomanie, la décompensation psychotique, post-partum sévère, etc. Dans certaines circonstances, une prise en charge du parent seul au sein du service adulte est proposée et, dans un second temps une admission est organisée au sein de l’unité Parents-Bébé avec son bébé.

Ateliers proposés

L’équipe pluridisciplinaire développe constamment son offre et s’adapte aux parents et leur nouveau-né. Parmi les nombreuses activités, il y a par exemple :

  • Des ateliers d’art-thérapie au cours desquels les parents sont invités à exprimer leurs émotions via des médias.
  • Des ateliers d’apprentissage du quotidien : cuisine et éducation à l’alimentation d’un enfant, réalisation d’un repas (partage de savoirs). L’accompagnement dans les soins au bébé par l’observation d’un bain, d’un change, d’un repas ou d’une mise au lit. Des moments de répit sont aussi proposés aux parents au cours desquels les infirmières prennent en charge les bébés.
  • Des sorties à la bibliothèque ou au théâtre mais aussi des moments d’accompagnement en extérieur pour aider les parents dans diverses démarches.
  • Des groupes de parole pour aborder de sujets autour de la maternité/parentalité. L’entraide et l’effet de groupe sont indispensables dans le quotidien des parents.
Espace “jeux” pour les bébés situé en face du coin cuisine – Photo : Samuel Walheer

La place du co-parent

L’unité s’adresse principalement aux mamans qui ont récemment donné naissance et qui se retrouve dans un état de souffrance. La place du co-parent est également prise en considération car, en effet, ce dernier a un rôle essentiel à jouer dans l’amélioration de l’état de santé du parent en souffrance. De plus, il vit également un bouleversement par la naissance de son bébé. Sa présence est nécessaire pour le bien-être du bébé. À ce sujet, Dr Mózes déclare : “Le service s’ajuste à chaque situation. Concernant les co-parents, tout dépend de leur investissement. En pré-admission ils sont les bienvenus. Le service adapte les heures de visites en fonction de leurs disponibilités. On prévoit aussi des activités spécifiques co-parent-bébé ainsi que des entretiens de couple.

 

Samuel Walheer