Avec l’inauguration d’Olista, le 22 avril dernier, une étape importante a été franchie dans la lutte contre les violences intrafamiliales (VIF) en Région bruxelloise. Ce premier centre d’aide aux victimes de VIF est révolutionnaire de par sa mission de soutien optimal aux personnes concernées, ainsi que de par la coordination des efforts de tous les acteurs et actrices impliqués dans cette lutte. Une initiative de safe.brussels, rendue possible grâce au soutien de la Secrétaire d’État en charge de l’Égalité des chances et de son administration equal.brussels.
{Communiqué de presse de safe.brussels}
« Olista incarne un véritable tour de force de collaboration et d’engagement. Depuis ses débuts, nous avons travaillé sans relâche pour réunir des partenaires de différentes disciplines et communautés, surmontant les barrières linguistiques et conceptuelles pour offrir un soutien complet aux victimes de violences intrafamiliales. Olista est bien plus qu’un centre : c’est un symbole de notre capacité à unir nos forces pour un avenir plus safe », s’est exprimée Sophie Lavaux, directrice général de safe.brussels
13 signalements par jour en Région bruxelloise
Avec 4.848 plaintes recensées en 2022 et deux féminicides identifiés, ces chiffres alarmants des VIF en Région bruxelloise soulignent la nécessité d’une action concertée.
Olista est conçu pour apporter un soutien à 360° en matière d’aide aux victimes de VIF. En fournissant des protocoles de travail aux professionnels, le centre garantit un accès simplifié à une gamme complète de services et d’expertises nécessaires pour aider les victimes à sortir de leur situation.
Les objectifs du nouveau centre
Le centre vise à fournir aux victimes de VIF tout le soutien nécessaire pour reconstruire leur vie. Et ce, en favorisant une approche transversale et efficace grâce notamment à la mise en place de protocole de travail entre les partenaires. Olista s’engage à coordonner les efforts de ses partenaires pour assurer une prise en charge complète et adaptée à chaque situation. Les partenaires impliqués dans cette initiative reflètent la diversité et la complémentarité des services nécessaires pour lutter efficacement (holistiquement) contre les VIF.
De safe.brussels aux différentes associations, en passant par les services sociaux, médicaux, juridiques et judiciaires, chaque partenaire apporte une expertise précieuse à la table.
La lutte contre violences intrafamilales : une priorité politique
L’inauguration d’Olista s’inscrit également dans le cadre plus large de l’engagement politique de la Région bruxelloise envers la sécurité et le bien-être de ses citoyens et citoyennes. Cette initiative concrétise la Déclaration de Politique Régionale 2019-2024 du Gouvernement bruxellois, qui place la lutte contre les violences envers les femmes au premier plan de ses priorités. Selon la secrétaire d’Etat Nawal Ben Hamou, « ce centre attendu de longue date vient compléter une série d’actions fortes qui sont déjà menées en région bruxelloise, comme les cellules EVA, les formations de la police ou encore le tout premier site web régional stop-violence.brussels. J’ai voulu unir nos forces à Bruxelles, seule façon de parvenir à diminuer et même éradiquer ces violences qui proviennent majoritairement des hommes et qui touchent majoritairement les femmes.”
Olista est plus qu’un centre : c’est un espoir concret pour les victimes et une solidarité forte pour les partenaires engagés, démontrant que lorsque nous unissons nos forces, nous pouvons surmonter les inégalités de notre société.
La santé des Bruxellois.es s’est améliorée ces dernières années, avec une augmentation de l’espérance de vie. La vaccination est en légère hausse et l’impact de l’environnement est préoccupant. Ce sont-là quelques enseignements du Tableau de bord de la santé en Région bruxelloise, publié tous les 5 ans par l’Observatoire de la Santé et du Social, service d’étude de Vivalis (dont Born in Brussels fait partie).
La santé de la population bruxelloise s’est améliorée au fil des années, comme le montrent plusieurs indicateurs du Tableau de bord de la santé de la Région bruxelloise 2024. Concernant plus précisément les enfants, quelques points clés ont été abordés : le taux de natalité, la mortalité infantile, la vaccination, les taux de consultations et d’hospitalisations et l’impact de l’environnement.
Une population bruxelloise jeune
Le taux de natalité à Bruxelles, qui était le moins élevé de toute la Belgique dans les années 60 (14,4 pour 1.000 habitants), a commencé à rattraper les autres Régions vers les années 1980, pour les dépasser et devenir le plus élevé en 2010. Mais en 2020, il y a eu une redescente progressive en deçà du taux de départ (12,9 pour 1.000 habitants), alors que les deux autres Régions se situaient à 10,9 pour 1.000 habitants. Ces différences régionales restent importantes dans la mesure où les chiffres de 2023 publiés par STATBEL le 12 février 2024, montrent une baisse en Région flamande (-2,3%) et en Région wallonne (-5,0%), ainsi qu’une baisse encore plus nette en Région de Bruxelles-Capitale (-12,0%) par rapport à la période 2019-2022. Malgré tout, le taux de natalité demeure encore plus élevé en Région bruxelloise. D’où la jeunesse de sa population.
“Les inégalités en matière de santé commencent déjà avant la naissance”
Le rapport montre également que “les inégalités en matière de santé commencent déjà avant la naissance.” D’ailleurs, le risque de mortinatalité (enfant mort-né) était deux fois plus élevé pour les enfants nés dans des ménages sans revenu de travail que pour ceux nés dans des ménages à deux revenus. Le revenu d’intégration et la plupart des revenus de remplacement dont disposent ces ménages étant actuellement inférieurs au seuil de pauvreté, les ménages qui ne disposent d’aucun revenu de travail vivent souvent dans des conditions économiques précaires (mauvaise santé en général, pas de suivis corrects de grossesse, multimorbidité…). Concernant le risque de décès avant l’âge d’un an ; il a diminué pour toutes les catégories de revenu entre la période 2000-2009 et la période 2010-2019.
Il faut savoir, pour être précis dans les termes, que la mortalité foeto-infantile inclut trois composantes : la mortinatalité, la mortalité néonatale et la mortalité postnéonatale. Dans le rapport, on peut lire ceci : “La mortalité périnatale comprend la mortalité foetale et la mortalité néonatale précoce. La mortalité infantile regroupe l’ensemble des décès d’enfants nés vivants survenus avant leur premier anniversaire (décès entre 0 et 364 jours). Les différents taux de mortalité sont exprimés pour 1.000 naissances vivantes (mortalité néonatale, postnatale ou infantile) ou pour 1.000 naissances vivantes et mortinaissances (mortalité foetale, périnatale et foeto-infantile).”
La vaccination en légère hausse
La dernière enquête de couverture vaccinale des enfants de 18 à 24 mois en Région de Bruxelles-Capitale a été réalisée entre juin 2019 et mars 2020 et visait les enfants nés entre le 31 mai et le 30 novembre 2017. Selon cette enquête, 86,7% des enfants ont suivi l’intégralité du calendrier vaccinal recommandé. En comparaison avec l’enquête de couverture vaccinale menée en 2012 à Bruxelles, les couvertures vaccinales sont globalement légèrement plus élevées en 2019-2020, à l’exception du vaccin contre le rotavirus pour lequel on observe une petite diminution. Des variations des couvertures vaccinales sont observées selon certaines caractéristiques socio-démographiques des parents. Les auteurs observent une tendance à une moins bonne couverture vaccinale lorsque la mère ou le père a étudié plus longtemps. Pour certains vaccins, les auteurs observent également que les enfants issus de ménage à deux revenus professionnels, de mères actives ou fréquentant une crèche sont plus fréquemment vaccinés. Enfin, le facteur qui semble le plus discriminant par rapport à la couverture vaccinale est la fréquentation d’une consultation pour enfants de l’Office de la naissance et de l’enfance (ONE) ou de Kind en Gezin, qui est associée à une meilleure vaccination des enfants en comparaison aux enfants qui n’ont jamais été suivis dans ces consultations.
Enfance et maladie
67 % des enfants de 0 à 4 ans vont au moins 1 fois chez le généraliste en Flandre et 65 % en Wallonie (non illustré). Les Bruxellois consultent plus souvent un spécialiste (pédiatre) avec leurs enfants, se rendent plus souvent aux urgences pour des problèmes pouvant être traités par le généraliste ou reportent plus souvent des soins. Les familles monoparentales sont également les plus susceptibles de reporter des soins. Cela vaut tant à Bruxelles que dans le reste du pays. Les couples avec enfants doivent aussi plus souvent reporter des soins que les couples sans enfants.
Le taux d’hospitalisations classiques varie fortement en fonction de l’âge selon une courbe en U. Il est élevé chez les enfants de moins d’un an, diminue très fortement dès l’âge de un an et remonte progressivement à partir de 15 ans. C’est seulement à partir de 85 ans que le taux d’hospitalisation dépasse celui des enfants de moins d’un an. Concernant la durée moyenne de séjour à l’hôpital, il est plus élevée chez les enfants de moins d’un an, diminue ensuite dès l’âge d’un an, pour finalement augmenter en fonction de l’âge à partir des alentours de la catégorie d’âge des 45-49 ans.
L’impact préoccupant de l’environnement
Cette nouvelle édition du Tableau de bord met pour la première fois l’accent sur l’impact de l’environnement urbain, du travail et du logement sur la santé ; des éléments qui sont souvent primordiaux à prendre en considération pour les familles avec enfants. En matière d’environnement urbain, des changements positifs sont intervenus en termes de qualité de l’air. Les concentrations des principaux polluants, tels que les particules (PM2,5) et le dioxyde d’azote (NOx), diminuent de manière significative, de 80 % et 71 % respectivement, entre 1990 et 2020. Cependant, ces concentrations restent au-delà des normes recommandées par l’OMS. Selon des estimations, la pollution de l’air est responsable d’un peu plus de 930 décès prématurés par an à Bruxelles. Les sources de ces deux polluants sont principalement le transport routier et le chauffage des bâtiments. On constate que les personnes aux revenus les plus bas habitent dans les quartiers les plus pollués révélant une inégalité environnementale tout à fait marquante. Concernant enfin le logement : à Bruxelles, 10% de la population rencontre des problèmes sérieux d’humidité ou moisissures dans son logement, contre 5% en Flandre et en Wallonie. 22,8 % de ces personnes vivent dans des ménages en difficulté financière, contre seulement 2,7 % des personnes plus aisées. Ces problèmes de logement peuvent avoir de grandes répercussions sur la santé physique et mentale, la vie de famille, le parcours scolaire des enfants, etc. Ce qui aggrave encore les conditions de vie quotidiennes.
Pour Alain Maron, ministre bruxellois de la Santé et de l’Action sociale, il faut encore faire des efforts : “À travers toute la politique en social, en santé et en environnement, j’ai travaillé à réduire les inégalités en la matière. Mais force est de constater qu’il reste encore énormément de travail et que ce sont toutes les politiques, économiques, d’emploi, de logement, d’alimentation, d’enseignement, qui doivent prendre en compte la santé si nous voulons, ensemble, réduire les inégalités sociales de santé.”
Sous la houlette de l’écrivaine Julia Kerninon, six autrices et mères ont pris la plume pour exprimer la dure et douce expérience, l’immense complexité, le troublant paradoxe qui se cache derrière la maternité. « Être mère » est un bijou sorti en avril 2024 aux éditions l’Iconoclaste. Il vous transperce et vous emporte dans ce monde étrange et fascinant. Il dit enfin la vérité, sans concession, sans tabou. Born in Brussels l’a lu pour vous.
Pour une fois, je ne me cacherai pas derrière mon statut de journaliste et coordinatrice adjointe de Born in Brussels. Pour une fois, je m’exprimerai en tant que Sofia, mère d’un grand garçon de 8 ans. Parce que je sais aussi ce que c’est d’être mère. Ce livre exprime tout haut ce que j’ai toujours gardé tout bas. Se plaçant loin des clichés et du bien pensant, il dit enfin ce que chaque (future) mère devrait vraiment savoir à propos de la grossesse, de l’accouchement, de la découverte de la maternité, de la peur qui ne vous lâche plus…
Galerie d’œuvres d’art sur la maternité
Ce que j’ai lu dans « Être mère » a résonné au plus profond de mes entrailles. Parce que des lectures font ça parfois. Parce que c’est si rare de lire des mots qui sont l’exact prolongement de ce qu’on pense, de ce qu’on vit ou ce qu’on a vécu. Chacune des sept autrices à succès – Julia Kerninon, Claire Berest, Adeline Dieudonné, Clémentine Beauvais, Victoire de Changy, Camille Anseaume et Louise Browaeys – offre un texte poignant et incisif d’une dizaine de pages aux lecteur.rice.s ; chacune dans son propre style, son propre rythme. Julia Kerninon, la cheffe d’orchestre, ne voulait pas de témoignages, mais une “galerie d’œuvres d’art sur la maternité” ; pour ne pas avoir à choisir “entre politique et poétique”. Et c’est, selon moi, une totale réussite où l’on retrouve de l’engagement, de l’intime, de l’humour, des coups de gueule, des épanchements, des remises en question, des mises à nu… Tout cela sur cette thématique commune partagée par “la moitié de l’humanité”.
Lancement à la librairie Les yeux gourmands
Présente au lancement du livre “Être mère” à la librairie Les yeux gourmands (Saint-Gilles) le 4 avril dernier, je ne me doutais pas encore de ce que j’allais découvrir au sein des 155 pages du recueil, ni même d’en être bouleversée à ce point. Deux autrices belges – les autres sont Françaises – étaient présentes : Adeline Dieudonné et Victoire de Changy. Elles ont partagé avec l’assistance leur expérience respective de la maternité et l’angle choisi pour le texte repris au sein du livre. Dans le préambule de ce dernier, il est écrit ceci : “Adeline Dieudonné attaque frontalement la question de la peur qui ne nous quitte plus quand nous devenons parent, et que nous avons pourtant été incapables de deviner avant de l’être. (…) Victoire de Changy décrit sa vie avant ses enfants, ce qu’ils suspendent et ce qu’ils étendent.” Durant cette présentation, comme au sein de l’ouvrage, il n’y avait pas de tabou. Elles se sont mises à nu devant l’assistance et n’ont pas tenté d’idéaliser ou d’édulcorer la réalité. Être mère, c’est foutrement compliqué, prenant, aliénant, envahissant, déformant, mais on le referait encore et encore tant ces petites merveilles grincheuses nous font voir la vie autrement, nous apportent un amour pur et sincère, nous transcendent et nous élèvent… C’est là tout le paradoxe de la maternité : oui c’est dur et douloureux, mais c’est aussi tellement beau qu’on a envie de crier de bonheur et d’amour.
Un souffle, une phrase, aucun point
Un texte en particulier m’a autant impressionné que prit à la gorge d’émotion. Il m’a littéralement coupé le souffle et empêché de respirer. “Pas de gâteau” – c’est le titre du récit de Claire Berest – fait vingt pages (de la 67 à la 87) ; vingt pages pour aucun point et si peu de virgules. Parce qu’avoir des enfants, “ça ne cesse pas, ça ne peut plus jamais s’arrêter, nul autre sacrifice n’est comparable à cet irrémédiable adieu à la liberté, j’ai deux enfants, j’ai deux enfants, c’est le présent pur tous les jours, il n’y a pas de point, à peine de virgules, c’est une seule phrase perpétuellement commencée, une phrase-noyade”. Dans ce texte qui semble ne jamais prendre fin, l’autrice évoque le “grand tourbillon” que crée la venue d’un enfant, “cette impression d’être constamment en équilibre précaire entre le passé et le présent, artiste et animal à la fois”.
Quelques phrases marquantes
J’ai envie de partager ici quelques phrases de cette poignante lecture qu’on a peine à lâcher :
“Parfois je suis une mère sans m’en sentir une, parfois je suis une mère sans avoir l’impression d’exister encore en tant que personne.” – Julia Kerninon
“Au pire, ces manuels ont recouvert la maternité d’un voile niais, presque totalitaire, en commençant les phrases par ‘il faut’ et en nous dictant les sentiments que nous devions avoir.” – Louise Browaeys
“Faire des enfants nous transforme en créatures nues, vulnérables, nous place dans une roue de torture médiévale qu’un simple accident pourrait activer, nous labourent l’âme pour l’éternité.” – Adeline Dieudonné
“Ce qui pousse en toi n’est pas ton prolongement, ta continuité, toi en minuscule ou je ne sais quelle connerie, non, ce qui pousse en toi est le pur étranger, qui aura des qualités et des défauts que tu ne peux qu’extrêmement peu influencer”. – Claire Berest
“La maternité ne m’a pas appris de grandes choses. Les grandes choses je les ai faites, et elles sont présentement à la crèche et au collège.” – Camille Anseaume
“La réappropriation féministe de la naissance est paradoxale, complexe. Malaisante, je dirais même. Parce qu’elle vibre de toutes les contradictions qui secouent aujourd’hui les existences des femmes et qui rendent la définition même du terme féminisme maladroite, malaisante, bizarre. Parce qu’elle émerge, aussi, après tant de millénaires à se taire.” – Clémentine Beauvais
“Dans cette façon d’être à eux plutôt qu’à soi, j’ai trouvé la possibilité d’abandon. (…) Je ne situe plus celle que je suis ou fus. (…) Je cherche avec une peine que je ne soupçonnais pas les angles de vue où mes enfants ne se trouvent pas. Ce qui avant eux m’anima. Ce qui m’inspira.” – Victoire de Changy
Le Cocon, premier gîte de naissance intrahospitalier en Belgique, a fêté ses 10 ans le vendredi 29 mars dernier. Une occasion unique de réunir les professionnel.le.s du terrain – des sages-femmes en majorité -, de retracer cette décennie d’existence du Cocon et de faire le point sur l’avenir des gîtes de naissance en Belgique. Born in Brussels y était pour vous.
La séance académique organisée pour les 10 ans du Cocon avait pour thème : « Gîte de naissance intrahospitalier : stratégie et enjeux ». Une rencontre enrichissante qui a réuni des experts renommés, des professionnels de la santé, des chercheurs passionnés et des personnalités politiques investies. Le partage de leurs connaissances et expériences fut précieux et a favorisé les discussions constructives sur l’avenir des gîtes de naissance intrahospitaliers.
PASSÉ et PRÉSENT
Les débuts du Cocon et ses défis
Le Cocon, premier gîte de naissance intrahospitalier en Belgique, est intégré au service de Gynécologie Obstétrique de l’Hôpital Erasme, au sein de l’H.U.B. Il s’agit d’un lieu où les futures mères peuvent mettre au monde leur enfant à leur rythme, dans un cadre sécurisant et dans une ambiance familiale, tout en apportant leurs propres compétences. Seules les femmes en bonne santé, dont la grossesse se déroule sans complications et qui ont été suivies par les sages-femmes du Cocon, y sont accueillies. Pour présenter la genèse de cette initiative qui a tout juste 10 ans : Pr C. Kirkpatrick, Directrice émérite de la clinique d’obstétrique de l’H.U.B Erasme et Pr Y. Englert, Directeur émérite du service de gynécologie-obstétrique de l’H.U.B Erasme et ancien recteur de L’ULB. Au début du projet, selon eux, de grosses discussions ont eu lieu pour convaincre l’hôpital de modifier les horaires, de mixer des sages-femmes salariées avec des indépendantes… Bien sûr, beaucoup de réfractaires ne voulaient pas d’un tel lieu et les auraient accusés de vouloir revenir à l’accouchement douloureux, comme au 19e siècle. L’idée, au contraire, était – et est toujours – d’apporter une alternative à la prise en charge classique qui donne encore trop de place aux gestes techniques non indispensables, voire toxiques. Accoucher au Cocon ne coûte pas forcément moins cher, mais, dix ans après – à l’heure où ça s’étend et où c’est de mieux en mieux reconnu – force est de constater que ce n’était pas une mode et que c’est certainement moins toxique, plus personnalisé, permettant aussi l’empowerment des femmes (autant les futures mères que les sages-femmes).
Les femmes et l’accouchement aujourd’hui : regard socio-anthropologique
La première intervenante pour cette partie sur l’accouchement des femmes aujourd’hui était R. Sestito, Sage-femme socio-anthropologue. Elle a abordé des thèmes aussi complexes que les violences obstétricales et l’importance des gîtes de naissance pour en venir à bout ; l’accouchement physiologique – opposée au pathologique – pour prendre conscience que ce ne sont pas que des soins prodigués, mais une réelle expérience de vie ; la justice reproductive qui implique le droit à un accouchement physiologique, autant pour des raisons écologiques que féministes…
La deuxième intervenante était M. Warnimont, Sage-femme chef adjointe émérite et initiatrice du projet Cocon. Elle a notamment dressé le profil des patientes du Cocon, qui, contrairement aux rumeurs, ne sont pas que des “bobos”. Elles sont généralement plus âgées, plus éduquées, plus aisées, venant d’Europe et, pour 60% d’entre-elles, nullipares (premier accouchement). M. Warnimont a ensuite évoqué les risques, car, comme elle l’a souligné : “On ne peut jamais balayer l’inattendu. Reste à savoir si l’on veut garantir la sécurité quoi qu’il en coûte ou la sécurité dans l’écoute”.
L’intérêt du gîte de naissance au sein d’une maternité de niveau 3 : données épidémiologiques
Partie plus théorique ensuite avec C. Lamy, Directrice de la clinique d’obstétrique de l’H.U.B Erasme et L. Depuydt, Sage-femme chef adjointe du Cocon, qui ont évoqué différentes études internationales sur les gîtes de naissance et sur Le Cocon en particulier. Toutes ces études, et surtout celle de référence datée de 2011 (Birthplace study), disent toutes que la “midwifery-led unit” serait la meilleure option possible, autant pour la maman que pour le bébé. Du moins lorsque les critères d’inclusion et d’exclusion sont bien respectés : grossesses à bas risques, pas de barrières linguistiques, anamnèse correcte… Les résultats sont globalement encourageants et les risques semblent moindres ; sauf dans le cas d’un premier accouchement à domicile qui est déconseillé. Il est ainsi préférable de choisir un gîte de naissance intrahospitalier pour ne pas risquer un transfert compliqué et être entouré de sages-femmes expérimentées. Au Cocon, les femmes qui y accouchent (12% des accouchements de l’hôpital Erasme) subissent des taux decésariennes et d’épisiotomies moins élevés. Des résultats encourageants qui ont permis de rendre les relations entre les sages-femmes du Cocon et les gynécologues d’Erasme un peu plus cordiales au fil des années.
Le partenariat patient : témoignage de parents
Un témoignage ensuite, de la part de Yannick et Nordine qui ont vécu l’expérience Cocon et qui ont ensuite créé l’asbl « Les amis du Cocon ». “Il y a six ans, explique Yannick, tout ému, nous avons été accueillis au Cocon pour l’accouchement de notre fils Anton. L’équipe a demandé à Nordine si elle voulait aller dans la bassine et j’ai aussi voulu l’accompagner. Au début, je ne trouvais pas ma place, je ne me sentais pas utile. Alors la sage-femme m’a proposé d’aller derrière ma compagne et de la soutenir de cette manière. J’ai trouvé que c’était très bienveillant de toujours demander ce qu’on souhaitait faire, sans l’imposer. Grâce à cette position, j’ai pu ressentir toutes les sensations vécues par Nordine (ou presque) et l’accompagner du mieux que je pouvais dans sa douleur. C’était très fort.” Pour leur deuxième enfant, Yannick et Nordine ont également pu se rendre au Cocon et c’est après cette deuxième expérience “incroyable” qu’ils ont voulu contribuer à la promotion et au soutien du gîte de naissance en créant l’asbl.
FUTUR
L’autonomie de la sage-femme belge : vers une trajectoire de soins pour les grossesses à bas risque
J. Vermeulen, Sage-femme, PhD en sciences de la santé publique, était le premier à intervenir dans la deuxième partie du colloque concernant le futur de ces gîtes de naissance. Comme on l’a vu plus haut, ces lieux où l’on donne plus de place aux patientes et où l’on privilégie le “slow accouchement”, permet surtout une vraie autonomisation des sages-femmes. Grâce à ses recherches, J.Vermeulen a pu dégager quelques résultats sur cette question de l’autonomie. Sur les 312 sages-femmes interrogées, 85% se sentent en grande partie autonomes, mais 100% en voudraient davantage encore et les sages-femmes de Wallonie se sentent les moins autonomes. Il faudrait, pour améliorer leur situation : mieux accompagner la croissance des connaissances ; mener des recherches supplémentaires pour trouver comment renforcer l’autonomie professionnelle ; sensibiliser davantage le public aux compétences des sages-femmes ; permettre de meilleures collaborations en créant, par exemple, un ordre des sages-femmes ; etc.
Nouvelle réglementation en matière de gîtes de naissance et plateaux techniques à Bruxelles
Suite à sa présentation du 29 mars, grandement saluée par l’assemblée, M. Lardennois, inf MSc et DEA SP, Conseiller auprès des Ministres Maron et Trachte, a écrit ceci sur son compte LinkedIn : “Vendredi dernier j’ai pu présenter le travail réalisé par Alain Maron et le gouvernement bruxellois durant cette législature afin de permettre aux femmes de pouvoir plus et mieux choisir leur manière d’accoucher et leur suivi périnatal (cf objectifs du PSSI https://lnkd.in/eRNm4aK8 ). Bravo à Hôpital Erasme – Cliniques Universitaires de Bruxelles qui en développant ce lieu dédié à l’accouchement physiologique à bas risque a exercé pleinement son rôle académique en matière de pratique soignante : recherche, innovation, éducation, exemplarité. Tout hôpital bruxellois souhaitant comprendre comment mettre en place un tel gîte, ou simplement donner accès à son plateau technique aux sages-femmes de 1ère ligne, trouvera là des professionnels inspirants !” Parmi les avancées en matière de gîtes de naissance, il a notamment évoqué ces quelques points : des fiches de liaison devront être remplies pour éviter les pertes d’informations pré- et post- natales ; il faudra demander à la patiente si elle est suivie par une sage-femme extra-hospitalière et lui remettre la fiche de liaison ; la patiente devra obligatoirement se voir proposer une convention pour le suivi post-partum ; dès le premier septembre 2024, toutes les maternités devront être dotées d’un gîte de naissance ou, du moins, d’un plateau technique accessible aux sages-femmes indépendantes. M. Lardennois a aussi parlé des nouveaux subsides annuels accordés aux professionnels de première ligne de plusieurs structures (Amala, équipe de facilitatrices, Passages Maison de Naissance…). Enfin, concernant les mesures à venir, en concertation avec les neuf ministres dotés de compétences santé, il est question d’adapter le financement des maternités et de revoir la nomenclature des sages-femmes (seulement 1.600 euros net par mois pour l’instant ! )
Enjeux et défis hospitaliers
Dernier discours : celui de F. De Drée, Directeur général adjoint de l’H.U.B. Il s’est finalement penché sur les enjeux et les défis hospitaliers. De façon non-exhaustive, il a principalement parlé de la gestion des risques, une priorité institutionnelle à concilier et de la dimension financière. Pour ce dernier point, il a évoqué les honoraires actuels pour les accouchements qui privilégient grandement les gynécologues, de la facture moyenne moins élevée au Cocon par rapport à un accouchement classique, du soutien financier compliqué à ce genre de projet… Les sages-femmes de l’assemblée ont ensuite pu poser leurs questions et exprimer leurs multiples mécontentements. L’une d’entre-elles s’est même mise à pleurer en déclarant : “Trouvez-vous cela normal que je sois payée 250 euros net pour un accouchement qui peut parfois durer 35h ? J’en ai plus qu’assez de devoir parfois demander des enveloppes de cash aux patientes pour pouvoir m’en sortir… Il faut que cela change !”
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