Vous êtes maman et souffrez de troubles psychiques survenus soit avant votre grossesse et accentués par la maternité, soit révélés après votre accouchement sous forme, par exemple, d’une dépression post-partum particulièrement violente. Quels sont les professionnels ou les structures à même de vous venir en aide ? Quelles sont les conséquences pour votre enfant ?
Troubles psys avant la grossesse
Le désir d’enfant, même chez une maman ayant une santé mentale fragile, est tout à fait légitime. Des précautions particulières sont néanmoins requises dans ce cas ; surtout si une prise de médicaments accompagne le trouble. Afin d’évaluer les éventuels risques pour le futur bébé, une rencontre pré-grossesse chez votre médecin traitant ou votre gynécologue est fortement conseillée. Ils vous proposeront certainement des alternatives thérapeutiques ou la possibilité de changer de dosage.
Suivi de grossesse spécifique
Une fois enceinte, le suivi prénatal sera plus strict pour vous que pour une femme ne souffrant d’aucun trouble psychique. Un suivi particulier pendant la grossesse peut parfois être recommandé quand une médication est prise ; même si elle a préalablement été adaptée. Le nouveau-né sera plus régulièrement surveillé, surtout lors du troisième trimestre de grossesse. Il faut vérifier que tout risque de “syndrome d’adaptation néonatale” – trop forte exposition aux antidépresseurs – est écarté. S’il y a des complications durant la grossesse, sachez que ça peut être multifactoriel et pas forcément dû à la prise de médicaments ou à votre trouble mental.
Quand la dépression post-partum n’est plus gérable
Les problèmes psychiques de la maman peuvent également être absents ou minimes avant la grossesse et se déclarer lorsqu’elle est enceinte ou une fois qu’elle a accouché. Le plus important dans ces cas-là est de rapidement aller chercher de l’aide. Une dépression post-partum prise en charge à temps, par exemple, n’aura pas le même impact sur le développement du lien d’attachement entre la mère et l’enfant, qu’une dépression post-natale non diagnostiquée ou traitée trop tardivement. Les conséquences peuvent alors être dramatiques, car le trouble peut se muer en “décompensation psychotique” et nécessiter une hospitalisation ou un internement.
Bien sûr, les cas sont relativement rares (2 cas sur 1.000) et sont également provoqués par une série d’autres facteurs aggravants :
- Autres cas de troubles mentaux dans la famille (prédisposition biologique) ;
- Trouble mental avant la grossesse ;
- Expériences traumatisantes pendant l’enfance (p. ex. : maltraitance, abus) ;
- Faible connaissance de soi, de gestion des émotions…
- Grossesse en bas âge ou en âge avancé ;
- Grossesse non désirée ou pas attendue.
Unités psychiatriques mères-enfants
En cas de trouble mental sévère impliquant que la maman ne sache plus s’occuper en autonomie de son enfant, une hospitalisation sera recommandée, voire imposée.
À Bruxelles, peu de lieux permettent à la mère d’être accompagnée de son enfant. L’unité mère-bébé de la Clinique La Ramée (groupe Epsylon) est pratiquement la seule à mettre en place un accompagnement spécifique pour des (futures) mamans en souffrance psychique. Au sein de cette unité, les interactions entre la patiente et son enfant sont valorisées et renforcées.
Depuis la mi-décembre 2021, une autre possibilité a vu le jour. Il s’agit d’une “Initiative d’habitation protégée” appelée IHP La Lisière (également portée par le groupe Epsylon). Située à Uccle, l’habitation accueille, elle aussi, des mamans avec une pathologie psychiatrique et leur bébé. Une sorte de transition à la sortie de l’hôpital pour favoriser l’autonomie et éviter le placement ou l’internement.
Troubles psys chez le papa ou la coparente
Le papa ou la coparente (en cas de relation homosexuelle) peut également souffrir de troubles mentaux pré ou post parentalité. Jusqu’à un père sur dix peuvent vivre une dépression durant la grossesse de leur conjointe ou durant la période post-partum. Surtout si la maman en souffre également. Les symptômes peuvent être divers : tristesse continue, irritabilité, changements d’appétit ou de sommeil, problèmes de consommation ou même idées suicidaires. Comme pour la maman, la prise en charge précoce est recommandée ; il ne faut donc pas hésiter à en parler rapidement. Les pères et les partenaires ont un rôle de soutien, mais il est important de préciser qu’ils ont eux aussi besoin d’être accompagnés dans cette période d’adaptation.
Conséquences sur l’enfant
Les conséquences sur le bébé sont assez difficiles à associer directement aux troubles mentaux de la maman ou même du papa/coparente. Mais forcément que cela a un impact direct et sur le long terme. Les symptômes qui ont par exemple pu être relevés :
- Faible poids à la naissance
- Diminution de l’appétit (demande peu souvent le sein ou le biberon)
- Troubles affectifs et comportementaux (mauvaise gestion des émotions, comportements difficiles, etc.)
- Difficultés sur le plan du développement cognitif et langagier (apprentissages plus lents)
- Relation mère-enfant affectée : plus de difficulté de la mère à créer un lien affectif avec l’enfant, soins moins adéquats, moins d’interactions positives entre une mère dépressive et son bébé, réponses moins attentives de la mère aux besoins de l’enfant, etc.
- Difficultés plus tard dans l’enfance et l’adolescence : plus de dépression et d’anxiété, plus d’agressivité et de problèmes de conduite, de problèmes d’attention et de sommeil et plus de traits autistiques.